À propos
De novembre 2014 à fin mars 2015, Laurent Lacotte est accueilli en résidence par la Région Poitou-Charentes. Il travaille en particulier avec les deux lycées de Parthenay (Grippeaux et Ernest-Pérochon) et avec le foyer de jeunes travailleurs Un toit en Gâtines.
Laurent Lacotte a choisi d’investir l’ensemble des aspects habituels d’une résidence.
En effet, une résidence d’artiste se définit comme un temps de création pour l’artiste, lors duquel il peut réaliser une ou des œuvres, rencontrer et collaborer avec des publics, faire écho aux partenaires culturels locaux, organiser une exposition, inviter des intervenants extérieurs – cet inventaire correspondant moins à un programme qu’à des possibilités, dont certaines seront exploitées et d’autres non.
À Parthenay, l’intention qui anime Laurent Lacotte est au contraire de faire recours à l’ensemble des moyens disponibles pour mettre dans un mouvement commun habitants, lycéens, jeunes travailleurs, enseignants, visiteurs.
La programmation vidéo, sous forme de permanence artistique, que Laurent Lacotte met en place dans l’une des salles du lycée Pérochon constitue un point fixe, un trait continu, agissant comme repère au sein d’un espace-temps constellé d’interventions.
Au travers de « one day workshops », lors desquels, par surprise, l’artiste invite une classe entière à concevoir une exposition au sein du lycée en une seule journée, il s’agit de mettre les élèves (et leurs enseignants) en situation d’élaborer et de revendiquer un geste créateur.
Les travaux des lycéens, guidés par l’artiste, débordent parfois l’établissement scolaire et, selon un parcours aléatoire dans la ville, repeuplent les vitrines de commerces délaissés.
Les invitations d’artistes, de commissaires, agissent de la même façon comme une saturation de nouveaux modes de penser et de nouveaux vécus, d’interlocuteurs nouveaux, d’images nouvelles.
De la même façon, l’initiation à la médiation, et, par là, à la lecture d’œuvres, permet de confronter les lycéens aux réalisations artistiques contemporaines.
Les œuvres que l’artiste réalise pendant son temps de résidence, qui font résonner des éléments contextuels, opèrent sur un principe similaire, mais cette fois dans le registre du concret, l’œuvre et ses publics étant mis en présence.
Enfin, l’exposition qui vient clore la résidence se situe plutôt dans une ouverture : le paradoxe n’est qu’apparent, l’artiste usant d’abord de son temps de résidence comme d’un temps indéfini, susceptible de provoquer des réactions en chaîne.
Combinant l’ensemble des modalités disponibles pour l’intervention d’un artiste-en-résidence, Laurent Lacotte fait de chaque séquence une suite de la précédente et ce chemin incarné n’a pu être conçu ni avant, ni ailleurs.
Jean-Christophe Arcos