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Je ne vous connais pas, 2020
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Je ne vous connais pas.
Lors de ma course quotidienne, petit exutoire d’une heure en ces temps de crise sanitaire, je suis tombé face à face avec votre outil de travail calciné. Je sais la fonction de ce véhicule car vos collègues sont encore en place aux alentours, le long du périphérique, tout près de la porte de Clichy et à deux pas du nouveau tribunal de Paris conçu par Renzo Piano.
J’espère que vous pardonnerez mon indiscrétion car même si cette dernière s’est portée sur des objets désormais à la vue de tous et répandus dans l’espace public, je n’ai pu m’empêcher de me dire que ma curiosité venait tout de même empiéter sur un espace qui ne devait appartenir qu’à vous seul·e. Peut-être voulais-je pénétrer ce lieu tellement en proie aux fascinations collectives et tenter d’aller à votre rencontre.
Les maigres restes émergeant des cendres font état de votre goût pour le dessin et la lecture. Parmi ces quelques résidus, à l’avant du tas de ferraille, apparaît une reproduction de la si célèbre peinture de Jean-Jacques le Barbier (vers 1789) illustrant une page d’un magazine dédié au droit. Cette peinture j’ai pu aller la voir au Musée Carnavalet dans le 3ème arrondissement, à 7 kilomètres de votre lieu de travail. Y-êtes vous déjà allé? Un peu plus loin, vers l’arrière du véhicule carbonisé, une autre page de magazine subsiste. Ici on titre : « Incidences du tourisme sur les économies nationales ».
Et l’article de commencer en citant la Déclaration de Manille de 1980. Je ne peux m’empêcher alors de penser à ces curieux hasards qui se présentent à nous. Enfin, quelques pages d’un roman ont résisté aux flammes. J’ai lu les quelques lignes qui se présentaient à moi. De retour à mon domicile, j’ai voulu savoir quel était ce livre. « La Terrasse des Bernardini » est un roman de Suzanne Proux de 1973 ayant reçu le prix Renaudot la même année. Une histoire de souvenirs croisés de vieilles dames. Je me suis dit qu’une fois le confinement derrière nous, j’irai le trouver en librairie. Et je le lirai en pensant à vous, espérant, où que vous soyez, que vous alliez bien.
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CHIENS/DOGS
"Hercule" --> Blazers/Blasons (collection 3 - sur une invitation d'Hélène-Forestine Cheguillaume)